Longue nouvelle, "Les amants d'Avignon"….
met en scène Juliette Noël, jolie femme et simple dactylo, à l'allure digne d'une "couverture de Marie-Claire", qui mène entre sa tante et son fils adoptif une existence banale et paisible, jusqu'à ce que les sinistres circonstances de la guerre -la seconde- s'y immiscent.
Juliette effectue alors des missions pour le compte de la Résistance, s'assurant de la sûreté de planques envisagées, transportant des vivres ou des messages... Elle le fait sans se poser de questions, comme mue par un instinct impératif de ce qui est juste et nécessaire. Malgré la peur et la fatigue, elle accomplit ses missions avec une persévérance qui semble naturelle.
Et c'est bien là le propos d'Elsa Triolet, que de rendre hommage à ceux qui, en ces périodes qui mettent à nu la véritable nature des individus, révèlent des possibilités insoupçonnées, ces gens ordinaires, voire insignifiants, qui, refusant les compromissions et le confort d'une prudente inertie, et deviennent alors chefs de maquis, agents de liaison. Ses héros de l'ombre accomplissent leur "devoir" sans ostentation, ni orgueil, mais prennent des trains dans lesquels ils se sustentent d'un sandwich au mauvais saucisson, se déplacent à bicyclette pour apporter une contribution discrète mais indispensable, reposant sur un vaste réseau de solidarité et de confiance...
Le récit est déroulé sur un mode chaotique, progressant par bonds d'une scène à l'autre, l'auteur s'exprimant souvent par ellipses, évoquant les sensations de Juliette sans toujours exprimer les faits qui les provoquent, avec comme résultat des passages parfois obscurs. J'ai eu un peu de mal à appréhender, par exemple, le sens du jeu auquel s'adonnent Juliette et l'un des contacts qu'elle rencontre à deux reprises, qui s'inventent une histoire d'amour dont la forteresse d'Avignon, qu'ils visitent, serait l'écrin... l'auteur souhaite-elle ainsi signifier que seul l'amour, en ces temps troublés, est la seule valeur à laquelle se rattacher pour ne pas sombrer dans la détresse face à la barbarie du monde ?
Un avis en demi-teinte, donc, suite à cette brève découverte...
http://www.babelio.com/livres/Triolet-Les-Amants-dAvignon/110014
Publiée le 02/11/2005
"Les Amants d'Avignon", nouvelle extraite du recueil "Le premier accroc coûte deux cent francs" est servie par une très belle écriture poétique et lyrique.
Elsa Triolet, dans une langue fluide, sans pathos, a su rendre cette atmosphère de plomb de l'époque, la peur d'être pris, surpris en train de transporter le précieux document, l'utile matériel, le nécessaire courrier pour continuer la lutte. En lisant "Les Amants d'Avignon", on tremble pour la vie de Juliette et pour celle de ses frères et sœurs d'arme. Car cette nouvelle est bien un hommage rendus à tous ces anonymes - hommes et femmes -, qui ont souvent pris des risques inconsidérés pour apporter leur pierre à l'édifice de la liberté. Elsa Triolet a mis ses pas dans ceux de son personnage. Car Juliette, c'est Elsa Triolet. Et à travers Juliette, elle a cherché à faire connaître et à remercier toutes ces personnes qu'elle a côtoyées pendant la Résistance. Ces gens à la vie simple, que rien ne prédestinait à entrer - un jour - dans l'Histoire.
Et puis, au milieu de la banalité du combat, de la vie, des risques quotidiens devenus un solide compagnon de voyage, Juliette rencontre Célestin, à Avignon le jour de la Noël 1942.
Célestin qui - le temps de cette rencontre éphémère -, embrase, illumine la vie et le cœur pur et tendre de la belle Juliette. Cet amour fou et irréel de Juliette pour Célestin se mêle à la beauté sauvage d'Avignon. Mais elle sait déjà, Juliette, que rien ne dure, que tout est aléatoire, fugace.
http://dunlivrelautredenanne.blogspot.co.uk/2008/11/la-boite-aux-lettres.html